Le tour de France de Milouda
En France, y a beaucoup de parlers différents : la langue d’oc et la langue franco provençale, qui chantent, la langue d’oil, moins légère. Allez donc vous y reconnaître avec tout ça ! C’qui vous donne : le breton, le gallo, le normand, le chti, le picard, le wallon, le luxembourgeois, le champenois, l’alsacien, le platt, le lorrain, l’angevin, l’orléanais, le bourguignon, le franc comtois, le tourangeau, le berrichon, le poitevin, le bourbonnais, le saintongeais, le forézien, le bressan, le lyonnais, le savoyard, le valdôtain, le limousin, l’auvergnat, le dauphinois, le gascon, l’occitan, le gavot, le génois, le nissart, le provençal, le basque, le béarnais, le catalan, le corse, le créole. (Toutes ces langues et ces patois récités, en litanies, sur un ton slammeur, cela peut être amusant).
Mais il y a encore, dans ce beau pays de France, moins connus, mais tout aussi bien implantés : la langue de vipère et la langue de bois ! (Et là, on peut vraiment s’amuser à varier sur ce thème).
"En Bretagne, y z’ont des pierres partout, des pierres qui sont pas en pierre, mais en granit : y en a dans la mer, des rochers, qui disent, comme chez Suchard ! Y en a sur la terre, menhirs, dolmens, debout, couchés… même le sucre, il est en pierre ! "Tu veux une pierre de sucre avec ton café", qui m’ont dit. Non, en fait, y z’ont dit, "tu veux une pierre de sucre avec ton kawa", y parlent un peu arabe aussi.
Y disent des "vitrinaires", j'croyais qu'c’était l'monsieur qui fait les vitrines, mais non, c’est l'docteur qui soigne les bêtes. Y m’ont dit, un jour, de bien "enclayer" ma porte, et j’ai pas compris. J’ai dû avoir l’air bête, car ma logeuse m’a pris mes clefs des mains pour fermer ma porte avec.
Quand on t'dit "t’es tout rase", c’est pas qu'tu viens d'te raser, non, "rase", ça veut dire "rose" !
Y disent la bouilliture pour laver le linge en machine, y mangent du kouign amann. Pour demander du pain, y disent : "bara mar plij".
En Normandie, y z’ont du fromage arabe : le camenbeur. Quand tu poses une question, ils répondent : "p’tête ben qu’oui, p’tête ben qu’non". Alors tu sais jamais si c’est oui ou si c’est non, avec eux, c’est pratique !
Dans l’Nord, y causent tous "chti". "Chte dit quoi", cha veut pas du tout dire che’que tu crois qu'cha veut dire. Le chien, chest pas un chien… Et tout comme cha !
Dans l’Sud y’r’crachent toutes les lettres qu’y z'avalent à Paris ! Ça fait qu’tu crois qu’t’as tout compris… quand t’a rien compris du tout ! Heureusement qu’j’ai pas fait mon alphabétisation dans l'Sud : malgré mon stylo et mon cahier, j’aurais des fautes partout… en dictée !
Y disent : Parisse, moinsse, dan’cer, chan’ter une chan’çon, les gensses. Pour : Paris, moins, dancer, chanter une chanson, les gens ! Tu parles d’une écriture à faire quand tu entends ça ! Et moi, je l’an’tens et je l’écris comeu ça, évidemmin !
Y disaient " té peuchère", tout le tim, en me regardant. Moi j’croyais qu’y disaient qu'j’étais une moinsse que rien, pasque j’étais beur !
Etc…etc… Juste quelques idées -- qui me sont passées par la tête, une nuit d’insomnie -- jetées sur papier, à continuer sur les régions, et à cultiver et peaufiner, si cela intéresse mon amie Milouda, pour un nouveau sketch !
Marie - à Suresnes, le mardi 1er avril 2011
Et ce n’est pas un poisson d’avril !
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